L'éclair a frappé à l'épaule, las,
La douleur a envahi tout le corps.
Il se tourne, fend l'air et d'un coup, là,
Son épée en sifflant fait jaillir la mort.
En tombant le soldat, hurle un nom,
Celui de sa mère ou sa soeur,
Perdu dans le sang, craché par le coeur,
Dans le fracas du fer comme seule oraison.
Et, je te regarde encore, au jardin, accroupie,
Parlant aux fleurs, le regard clair et réjoui.
Dans le silence du vent et de la pluie,
Tu te tournes vers moi, tu es la vie.
Et le guerrier lacère encore les chairs,
Il frappe, il tranche, il ôte l'existence à
Ce soldat étranger, debout, là, en travers
Du chemin qu'il suit et qu'il ne connaît pas.
La fureur des hommes a levé la brume
Et pose son manteau froid et haineux.
Hurlant, pleurant, le menton couvert d'écume
Il voit que la fin approche d'un pas silencieux.
Je t'ai pris la main, ce matin, juste quand,
Le soleil s'est levé à l'horizon irradiant.
J'aurais tellement voulu que ce moment
Reste ainsi figé jusqu'à la fin des temps.
Mais, il est là, juste devant lui, tendu,
Avec le regard de l'aigle qui maintenant
Fond sur sa proie, ne la perdra plus.
Un instant de recul, juste un instant,
Tout est fini, il le sait, tout est perdu.
Alors dans un ultime effort, bruquement,
Plein de colère, sur l'ennemi, il se rue.
J'ai tant et tant d'amour à te donner
Toi aussi, tu me l'as assuré, répété.
Nous avons toujours voulu nous aimer,
Je me souviens encore de notre seul baiser.
Il a senti d'un coup la morsure aux entrailles,
Il a croisé son regard, son rictus assassin,
Un pas de danse sur le champ de bataille,
Et Il a basculé tenant la lance dans sa main.
Il est transpercé,vascille, tombe sur le dos.
Il est au sol, les bras en croix, étendu.
Ses yeux grands ouverts, regardent là-haut,
L'azur clair du ciel qu'il ne verra jamais plus.