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 Maeh, mon histoire

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Ilhiona
Larme du Soleil
Ilhiona


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MessageSujet: Maeh, mon histoire   Maeh, mon histoire EmptyLun 31 Mai - 14:28

Les origines de Maeh (écrit il y a... pfff, j'sais plus)... récit un peu inspiré de "L'Affaire Charles Dexter Ward" de Lovecraft



Maeh, mon histoire





Partie 1



“Traîne-toi, garce! Tu n’as que ce que tu mérites. Ici, on ne traite pas les individus autrement… Les individus… Mais c’est trop d’honneur que de te réserver ce titre », criait une voix gutturale qui ne prédisait rien de bon.

D’une main leste, il saisit le fouet qu’il arborait fièrement à sa ceinture et le fit résonner sur les sombres murs de cette geôle qui transpirait l’humidité âcre des souterrains de Port-Franc. Le borgne se plaisait dans ce rôle qui lui faisait oublier son infirmité. Il retrouvait sa supériorité d’antan.

Maeh était au sol, les membres rompus, le poil hérissé à chaque fois que claquait le fouet, à chaque fois que crissaient les ongles crasseux de son tyran sur les murs dégoulinants, à chaque fois qu’il lui susurrait à l’oreille : « Tu vas apprendre ce qu’il en coûte que d’aller se vautrer dans les fleurs en Antonica. »

Les effluves de ce cloaque, l’odeur de chair pourrie qui s’en dégageait, la vue du sang qui croupissait sous elle et qui tapissait les murs de cet enfer… Maeh étouffait.



Le souvenir de cette terrible nuit la hantait. Encore maintenant, elle ressent la meurtrissure de ses chairs.





Partie 2



Maeh pensait à ces fleurs qu’elle avait humées secrètement ce jour où elle avait été contrainte de commettre un larcin en Antonica. Elle devait s’emparer de la cassette d’une certaine Matsy, la tenancière d’une auberge, la seule pour ainsi dire dans cette vaste contrée. Sciencia avait ouï dire que Matsy avait fait fortune en s’installant là-bas et qu’elle brassait de nombreuses pièces de platine. Assoiffé d’argent, Sciencia, envoya l’un de ses larbins vérifier la rumeur.

Non loin de l’auberge, Maeh était tombée nez à nez avec de délicates fleurs au subtil parfum. Comment elles se nommaient ? Elle ne le savait. A dire vrai, c’était une découverte. Elle n’avait jamais eu le loisir d’admirer la moindre fleur à Port-Franc. Aussi, elle n’avait pu réprimer son désir de se rouler de tout son long sur ce tapis de fleurs. Transportée par les douces senteurs printanières que dégageaient les fleurs… le poil en bataille et quelques épines de ronces incrustées dans ses coussinets, elle rentra chez elle.

Sciencia la confia à son homme de main, le borgne, afin qu’il la ramène à la dure réalité de Port-Franc. Enivrée par ces fleurs, Maeh était revenue bredouille, elle avait complètement omis de déposséder Matsy de son trésor.

En réalité, à l’idée de faire acte violence dans ce lieu qui respirait l’humeur bon enfant – seul Landwyn obscurcissait ce tableau en pleurant sa bien-aimée – un étrange mal-être s’était emparée de sa personne. Elle était sortie de l’auberge presque aussi vite qu’elle n’était rentrée.

« Que faire ? » Pourquoi rejoignit-elle son maître ? Encore maintenant, la réponse à cette question lui faisait défaut… La crainte de connaître pire sort que le sien ? La crainte de se trouver sous le joug d’un tyran encore plus cruel ? Sciencia lui avait conté tant d’horreurs sur le monde extérieur… Mais les abords de Qeynos n’avaient-ils pas suffi à démentir ces propos mensongers ?





Partie 3



Port-Franc était sa patrie. Maeh n’avait jamais connu que l’infamie de cette ville sous la coupe du terrible suzerain. Elle vivait, ou plutôt survivait, là où se côtoient les érudits et les kerrans.

Ses parents l’avaient laissée au milieu des détritus, enveloppée dans un linge, avec pour seul attribut une plaquette à son nom, Maeh. C’était là le seul don qu’ils lui avaient fait, hormis celui de la vie.





Partie 4



Maeh avait été recueillie par un couple érudit, Sciencia et Aphasia qui ne vivaient que dans l’espoir de retrouver la force que les leurs avaient déchaînée lorsqu’il s’était agi de guerroyer contre les érudits fidèles à Erudine. Ils avaient pu, comme le conte entre autres Sven Nacyl, « déchaîner des horreurs apocalyptiques émanant des profondeurs de la terre. »

Aphasia allait de bouquinistes en bouquinistes, fouillant leurs étagères poussiéreuses à la recherche de la perle rare qui lui offrirait la possibilité de parfaire son art d’animer les trépassés. Elle se plaisait également à parcourir inlassablement tous les écrits relatifs au passé obscur des érudits dissidents.

Alors seulement, elle passait de longues heures enfouie dans le « boudoir » qu’elle avait agencé dans les tréfonds de leur demeure. Là, elle méditait, jour après jour, sur les ouvrages pour lesquelles elle avait dépensé des fortunes et éprouvait ses talents de nécromancienne. La matière première ne manquait pas… elle avait, clandestinement, fait creuser les sous-sols de Port-Franc de manière à ce que son havre de solitude et d’expérimentations secrètes jouxte le cimetière.

Mais cette recherche effrénée de l’art d’insuffler la vie aux morts et de les asservir était plus qu’onéreuse que prévu, elle grevait lourdement sa bourse. Aussi décida-t-elle, avec son cher et tendre, de lever une armée de brigands complètement abrutie qui étancherait sa soif d’argent.





Partie 5



Tous les jours, Aphasia et Sciencia serinaient à Maeh la même ritournelle : « Tu dois être bien heureuse de nous avoir pour maîtres. Nous te nourrissons et te logeons. Nous t’avons acceptée telle que tu es, alors que les tiens t’ont rejetée. »

Elle n’était pas la seule à avoir fait les frais de la « bonté » de ces deux créatures froides et insensibles. Elle vivotait, avec quelques semblables, dans un bouge aux conditions précaires et se repaissait des restes que les maîtres consentaient à lancer du haut de l’escalier qui menait à la résidence de leurs captifs. Des restes, oui, mais des restes d’un repas extrêmement frugal. Sciencia et Aphasia n’éprouvaient pas véritablement le besoin de se sustenter, la nourriture spirituelle était la plus importante à leurs yeux.

L’étroite promiscuité à laquelle la contraignait cette vie étouffait Maeh qui aspirait de plus en plus vivement à la liberté. Elle était la seule sans doute à nourrir ce secret espoir. A leur asséner des coups, les maîtres avaient dû détraquer la raison de ses compagnons d’infortune qui ne vivaient plus que pour voler, manger et dormir.

Réduits à l’état de bêtes serviles, ils avaient été pris en charge par l’un des sbires de Sciencia. A force de brutalité, il leur avait appris l’art de la rapine. « Toi, Maeh, tu seras mercenaire. » Il lui avait enseigné l’art d’utiliser toutes les facultés de son corps pour combattre farouchement et férocement. Aguerrie à l’art du baroud, Maeh rechignait cependant tant à la tâche qu’il s’était résolu : elle ne serait qu’une vulgaire voleuse. Etrangement, les coups de fouets n’avaient pas la moindre prise sur elle, hormis renforcer ses velléités d’indépendance.

La seule compensation que cette existence misérable apportait à Maeh, elle la trouvait dans la lecture. Alors qu’elle était enfant, Maeh avait pris plaisir à tourner les pages des livres rangés dans les innombrables bibliothèques d’Aphasia. Peut-être parce qu’elle n’avait pu engendrer, Aphasia témoigna une certaine affection à l’égard de la curiosité intellectuelle de Maeh. Aphasia parlait peu et préférer réserver ses paroles pour ses incantations. En dépit de cela, elle apprit la lecture à Maeh et la laissa parcourir, de temps à autre, ses ouvrages relatifs à l’invocation des créatures.

Plongée dans ses lectures, elle n’en émergeait que lorsqu’il fallait se résoudre à se soumettre aux caprices du maître et s’en aller voler à gauche et à droite. Malheureusement, les ouvrages d’Aphasia traitaient surtout de nécromancie. Maeh ne comprenait pas pourquoi sa maîtresse se plaisait à savoir comment troubler le sommeil des défunts.





Partie 6



Alors qu’Aphasia se livrait à ses pratiques obscures, une odeur de soufre emplit la demeure… une épaisse fumée jaune se dégagea de l’entresol… un cri strident et déchirant glaça d’effroi Maeh. Les poils de son épine dorsale se redressèrent, son sang se figea dans ses veines. Un silence sinistre régnait.… Toc, toc, toc… Elle entendait son cœur tressaillir. Lorsqu’il vibrait en elle, elle ressentait une vive douleur dans la poitrine.

Et puis soudain, ce fut le branle-bas de combat. On entendait de lourds pas dévaler la maison. Ils n’allaient pas dans une direction précise. Ils allaient dans tous les sens.

Effarée, Maeh tambourina de toutes ses forces à la porte de sa geôle. Elle fut vite rejointe par ses semblables tout autant éperdus. La porte s’ouvrit. Il s’en suivit un tumulte effroyable. Profitant de l’obscurité, Maeh s’esquiva. Ce fut sans doute la première fois qu’elle bénit le borgne de lui avoir appris l’art de l’esquive. Son corps ne fit qu’un avec les murs et à toutes jambes, elle déguerpit, ne s’arrêtant pas au spectacle effroyable qui dévastait les lieux.

Saisissant le loquet de la porte, elle mit un pied dehors et courut, courut jusqu’à plus soif. Essoufflée, elle s’arrêta à l’autre extrémité de Port-Franc. Ses jambes ne supportaient plus le poids de son corps. Elles tremblaient si intensément que Maeh s’effondra. Des gouttes de sueurs froides dégoulinaient le long de ses tempes et s’enfouissaient dans ses poils. Les habitants de Port-Franc la regardaient curieusement. « Ah ! ben ça ! Cette kerrane m’a tout l’air d’être tombée nez à nez avec un mort vivant », disait, en ricanant, un milicien.



Le souvenir de cette terrible après-midi la hantait. Encore maintenant, quand le silence règne trop longuement, elle éprouve une vive douleur à la poitrine.





Partie 7



La nuit tombante, Maeh retourna rôder aux alentours de son ancienne demeure. Tapie dans un coin, elle vit une ombre en sortir. Elle se précisa peu à peu. C’était un squelette. Etrange spectacle ! Les os rougeoyants et craquant à chacun de ses mouvements, il portait sous le bras la tête d’Aphasia et émettait constamment un curieux gloussement aigu qui devait ressembler à un rire. La vue de ce spectacle effraya à ce point Maeh qu’elle resta calfeutrée dans son petit coin. Osant à peine respirer, elle réprimait ses larmes.



Le souvenir de cette terrible nuit la hantait. Encore maintenant, lorsque le ciel s’obscurcit, elle ressent l’effroi qui l’avait alors glacée.





Partie 8



A l’aube, un coursier voulut apporter le dernier livre dont Aphasia avait fait l’acquisition. La porte était entr’ouverte, personne ne répondait, il se risqua et quelques minutes plus tard, il s’enfuit à toutes jambes avertir les miliciens de l’effroyable scène dont il avait été témoin.

Personne ne sut précisément ce qui s’était déroulé. Ce fut d’ailleurs une belle surprise pour bon nombre que de découvrir comment Sciencia et Aphasia avaient aménagé leur maison. On raconte qu’Aphasia avait été découverte décapitée, son époux éventré et pendu au moyen de ses intestins, le borgne son seul œil en bouche, les pieds et les mains coupés, enfin, quelques kerrans mutilés complétaient cette vision d’horreur. On préféra ne pas savoir réellement ce qu’il était arrivé. Aussi, les miliciens conclurent-ils à un massacre rituel aux raisons indiscernables.

Maeh répugnait à y rentrer. Mais elle se força. Elle avait besoin d’un peu d’argent et savait où Sciencia cachait son trésor. Subrepticement, elle s’introduisit dans la maison, en aveugle quasiment - elle tentait de ne pas voir ce à quoi elle avait échappé – s’empara de quelques piécettes et prit un ouvrage anonyme qu’elle affectionnait tout particulièrement et qui s’intitulait « Invocation : de l’art d’arracher à la terre, à l’eau, au vent et au feu des créatures ».

Il lui fallait maintenant vivre seule. Elle avait obtenu ce à quoi elle avait aspiré, la liberté, mais à quel prix ? Elle savait qu’elle ne pourrait pas vivre ici à Port-Franc, et surtout pas à deux pas de ce lieu horrifique. Elle se résolut à tenter sa chance à Antonica et peut-être à Qeynos.

Alors qu’elle cueillait une fleur, une ombre arriva dans son dos. En proie à un sentiment de terreur démesuré, Maeh se retourna vivement, prête à asséner un coup puissant… Elle s’arrêta aussi vivement, éblouie par la bienveillance qui se dégageait de l’ombre. Une grande et belle dame lui dit en souriant : « Je me prénomme Ilhiona. Cette fleur t’irait à ravir si tu l’accrochais à l’oreille. Donne-la-moi. Je vais le faire. »
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Lysdor
La blondinette
Lysdor


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MessageSujet: Re: Maeh, mon histoire   Maeh, mon histoire EmptyLun 31 Mai - 15:19

Magnifique histoire, quel talent ! Maeh, mon histoire Icon_biggrin
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Askaros
Larme du Soleil
Askaros


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Date d'inscription : 13/08/2007

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MessageSujet: Re: Maeh, mon histoire   Maeh, mon histoire EmptyLun 31 Mai - 16:59

Superbe histoire!
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MessageSujet: Re: Maeh, mon histoire   Maeh, mon histoire Empty

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